Centre d'Anhropologie Sociale - En savoir plus

L’activité scientifique du CAS s’articule autour du Séminaire d’Anthropologie Générale (SAG) et de séminaires de recherche spécialisés, animés par des membres de l’équipe et regroupant chercheur·e·s, doctorant·e·s et étudiant·e·s de master.

Pour soutenir l’activité de recherche et d’enseignement, l’équipe investit dans le développement de moyens documentaires. Le CAS dispose d’un Centre de documentation ainsi que d’un Fonds documentaire en langue japonaise sur l’ethnologie du Japon. Depuis 1990, le Centre est en charge du projet du Catalogue du conte populaire français, inventaire raisonné des contes de transmission orale qui ont été recueillis depuis le xixe siècle en France et dans les régions francophones d’outre-mer. 

Les activités scientifiques de l’équipe s’appuient sur des activités d’enseignement auxquelles contribuent la plupart des chercheur·e·s. Le département d’anthropologie de l’UT2J propose une licence complète « Sciences humaines, anthropologie, ethnologie », un Master « Anthropologie sociale et historique », un Master « Expertise ethnologique en patrimoine immatériel » et un Doctorat « Anthropologie sociale et historique ». 

Enfin, le CAS se soucie de promouvoir la publication des travaux en anthropologie. Quelques-uns de ses membres animent la collection « Les Anthropologiques » aux Presses Universitaires du Midi.

THEMATIQUES DE RECHERCHE DU CAS

Vivant
Un certain nombre de recherches menées au sein du CAS sont consacrées à l'exploration du vivant, qui fait l’objet aujourd’hui d’une grande attention en anthropologie. L'anthropologie de la vie vise à étudier à la fois les conceptions vernaculaires du vivant et les processus de fabrication du vivant à travers l'observation des configurations agentives où celui-ci se déploie. Mais elle contribue aussi à la compréhension d'autres processus que ceux vitaux. Au CAS, cette étude du et sur le vivant est développée par plusieurs travaux de recherche individuels, à travers l’analyse du vivant humain (embryon, gamètes, substances et parties corporelles), mais aussi du vivant non humain, végétal (horticulture, techniques de reproduction et de soin des végétaux), animal (élevage, clonage), et minéral (transformations techniques, modalités de vie). Plusieurs membres de l’équipe se retrouvent autour de projets collectifs de recherche. L’un étudie le vivant au prisme des pierres, qui permettent de façon apparemment paradoxale d’étudier le vivant en choisissant d’étudier leurs modalités de vie à travers la mobilité et le rythme. L’autre projet explore l’expérience du don et de la circulation de substances et d’éléments corporels, qui participent à saisir les conceptions de la personne dans nos sociétés.

Réflexivités
Le questionnement sur les réflexivités rassemble les travaux en cours de plusieurs membres du CAS. L’étude des multiples formes, raisons et effets des retours sur soi – individuellement et collectivement – alimente ces recherches dans trois principaux domaines d’investigation. En premier lieu, l’analyse des constructions des identités individuelles et collectives constitue une façon de se saisir de ces retours sur soi par le biais de quelques objets, situations ou pratiques, tels que les processus de patrimonialisation, les expériences mémorielles de situations critiques, ou encore les gestes autobiographiques. Par ailleurs, l’étude des formes de réflexivité en contexte rituel – réflexivité sur le rituel ou dans le rituel – réunit également un certain nombre de recherches des membres de l’équipe qui travaillent sur le religieux ou avec des sociétés à initiations ritualisées. La singularité de tels contextes rend saillantes des propriétés de la réflexivité sociale qui traverse les pratiques ordinaires de façon bien moins démonstrative. Enfin, en tant qu’il s’agit de l’une des caractéristiques distinctives de la discipline pour établir les conditions de production de son savoir, l’approche de la réflexivité scientifique fournit également l’occasion de recherches sur l’historiographie, l’épistémologie et les méthodes de l’anthropologie.

Du religieux aux fake news : fabriques de l’adhésion et usages du doute
Les expériences supposées du surnaturel comme les cas de transe, visions, possession, emprise sorcellaire, etc., sont des objets d’étude classiques de l’ethnologie, l’histoire et l’anthropologie historique du religieux. Il convient aujourd’hui d’ajouter à ce registre des formes laïques d’adhésion à des rumeurs, légendes urbaines, préjugés communs et idéologies (le complotisme, par exemple) qui offrent aux sciences sociales de nouvelles mises à l’épreuve des instruments dont elles disposent pour en rendre compte. Au sein du CAS, trois axes sont privilégiés dans la réflexion, en s’appuyant sur des études de cas ou registres d’expériences mettant en jeu des formes de la preuve ou des régimes de vérité problématiques : 1) une attention aux interactions entre acteurs, participants et environnement et à la pluralité de leurs enjeux sociaux ; 2) une insistance sur la place du doute, facteur de prise de distance, chez les acteurs eux-mêmes, par rapport à des « croyances » trop souvent tenues pour exclusives mais aussi, sous l’aspect d’un scepticisme de défiance, opérateur d’adhésion sur le mode du « pourquoi pas ? » ; 3) une tentative d’épistémologie visant à mettre en évidence quelques biais cognitifs caractéristiques de ce registre de convictions non pas infondées pour le sujet qui les professe, mais tenues pour acceptables en raison d'une logique incorrecte de la preuve.

Formes du lien
Avec l’arrivée de nouveaux et nouvelles chercheur·e·s, l’ancien axe parenté du CAS a suscité l’éclosion de projets de recherche qui explorent quatre voies, interrogeant chacun différents niveaux d’inscription sociale (personne, relations de genre, parenté, âge de la vie, relations interethniques). La première examine les marges de la parenté, tout particulièrement l’articulation entre amitié et parenté. L’étude comparative de formes d’affinités électives, ou encore de relations de dépendance, devrait permettre de contourner l’approche généalogique et de mieux cerner les contours de la parenté. La deuxième voie s’inscrit dans une analyse relationnelle de la notion de personne. Dans le contexte des biotechnologies et de configurations familiales mouvantes, elle interroge la manière dont les relations de parenté se transforment tout en s’inscrivant dans une continuité historique. La troisième voie explore les parcours de l’enfance en différents contextes socio-culturels, en proposant d’analyser enfants et adolescent·e·s comme potentiellement acteur·ice·s de leur socialisation et sujets de leur histoire. Une quatrième voie s’intéresse aux formes de liens qui se déploient dans les environnements dits « intelligents » (smart cities/communities), afin d’interroger le réagencement des existants qu’introduisent les nouvelles articulations techno-socio-environnementales.

Matérialités
Les chercheurs qui gravitent autour de ce questionnement entrent dans l’ethnographie par la matérialité, les gestes, le milieu sensible et la technique. Quel relief peut-on donner aux formes de vie humaine lorsque l’on se place au carrefour des approches qui traitent du corps, des sensations, des savoirs et savoir-faire, des objets et des activités techniques ? La réflexion s’appuie sur l’un des fondements du programme maussien : l’Homme fait usage de son corps de manière différente de société à société. L’enjeu est d’analyser ces techniques du corps comme autant d’ajustements – routiniers ou au contraire très réflexifs et travaillés – aux environnements matériellement et technologiquement aménagés. On ne peut aujourd’hui traiter du corps sans traiter de la fabrication et des évolutions constantes de ces environnements. Simultanément, il s’agit de suivre les trajectoires – sociale, géographique et historique – des pratiques, des savoir-faire et des matériaux. L’objectif est de décrire dans toute leur complexité des histoires, des formes de sociabilité, des systèmes d’échanges, et enfin des communautés de pratiques dont le périmètre, bien qu’il dépasse la plupart du temps celui directement appréhendable de localités circonscrites, est souvent très ancré dans une réalité locale et revendiquée comme tel.
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Sur la base de ces questionnements, les membres de l’équipe sont soucieux de participer au dialogue entre science et société, et d’apporter un point de vue distancié sur le social et ses évolutions, sous toutes les latitudes. Plusieurs formes de participation sont pratiquées : expertise politique (rapports, auditions parlementaires, conseils scientifiques d’institutions régionales...), diffusion des connaissances auprès des publics non universitaires (conférences, liens avec des associations militantes, projets d’animation scolaire de la maternelle au lycée...), expositions, liste de diffusion, etc. Ces activités interrogent le rôle et l'influence du scientifique et des savoirs qu'il (co-)produit autant qu’elles invitent à poursuivre l’élaboration de ces savoirs en dehors de l’université.